L’expression d’économie circulaire n’est peut-être pas familière et pourtant, vous en faites l’expérience au quotidien. Et si elle s’est tant répandue, ce n’est pas par hasard. Retour sur une nouvelle attente des consommateurs et son fort impact sur notre modèle économique…
L’économie circulaire, c’est quoi ?
L’ensemble des acteurs de la supply chain sont confrontés aux limites de l’ancien modèle de l’économie linéaire, alors que les attentes de leurs clients, sont, elles, en train d’évoluer ! D’un côté, les consommateurs en ont assez de subir l’obsolescence programmée des biens qu’ils achètent. De l’autre, ils attendent des marques une vraie transparence sur les produits achetés et sur leur traçabilité. Bref, les consommateurs ne sont plus en phase avec les modèles économiques proposés.
Ainsi, face à l’attente exprimée des consommateurs, il est devenu urgent de repenser notre modèle économique (capitalistique). Et bonne nouvelle : nombreuses sont les entreprises qui se sont inscrites avec succès dans une logique d’économie circulaire !
Mais concrètement, c’est quoi l’économie circulaire ? Résumons-la en 5 verbes ou les 5 R : Réduire, Réparer, Réutiliser, Recycler, Réinventer.
Réduire d’abord ou comment vendre un usage plutôt qu’un produit ? C’est ce qu’entreprend Michelin à travers une vraie économie de fonctionnalité et ses pneus au kilomètre. Résultat : un business model basé sur la location et une réduction de l’utilisation de la matière première. C’est aussi « C’est qui le patron ? », et son ambition de redonner du sens à la consommation à travers un prix juste versé à l’agriculteur.
Réduire le remplacement des produits c’est aussi Seb et la promesse qui a fait son succès : celle de proposer des produits de qualité, qui durent et garantis 10 ans, à l’encontre de l’obsolescence programmée subit par les consommateurs.
Réparer. C’est proposer une alternative au « tout jetable ». Prenons par exemple cette initiative venue tout droit du Pays-Bas et qui se répand en France et dans le monde : c’est le repair café. Son principe est simple : créer des lieux consacrés à la réparation d’objets entre des personnes vivant ou fréquentant le même endroit. En se regroupant de façon périodique dans un lieu choisi, le repair café renforce la cohésion sociale entre les habitants, réduit les déchets et préserve un vrai savoir-faire.
Et parce que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, l’économie circulaire, c’est aussi réutiliser. Avec des applications innovantes comme Vinted, la friperie géante en ligne, c’est possible ! Son succès est tel, aujourd’hui elle regroupe 8 millions de membres en France sur un total de 21 millions à l’international !
Cette initiative du “second hand” évoque aussi Emmaüs, qui aura 70 ans cette année. À cette occasion, le 23 juin 2019, 120 structures Emmaüs transformeront le Parc des Expositions de la Porte de Versailles en une gigantesque vente de fripes, meubles, vaisselle, livres, vélos, jouets et équipements électroménagers !
Côté Recyclage, le projet FRIVEP (Filière de Réemploi/Recyclage Industrielle des Vêtements Professionnels), porté par l’association d’Orée, imagine de nouveaux usages pour les uniformes professionnels et transforme la matière en de nouveaux produits. C’est ce qu’elle réalise notamment avec la SNCF, l’un de ses partenaires.
Et le dernier « R » pour Réinventer ! Et pour cela, quoi de mieux que de s’en prendre aux mégots de cigarette ? Et si ce déchet toxique… se transformait en mobilier urbain ? C’est le défi de « MéGo ! », le premier service de tri et de recyclage matière de mégots de cigarettes en France.
Si nous résumons en quelques mots : ces exemples montrent qu’il est possible d’inventer une nouvelle forme de commerce rentable en se dégageant de la pression des ventes et en s’appuyant sur l’économie circulaire.
L’économie circulaire en entreprise, comment ça se passe ?
Cette transition s’opère d’abord au niveau des mentalités. En effet, les entreprises fonctionnent bien souvent sur une structure pyramidale. Changer les mentalités peut commencer avec l’intégration de plus d’échanges collaboratifs au sein des équipes. Pourquoi n’organiseriez-vous pas un world café, un forum ouvert, de la facilitation visuelle ? De cette façon, vous participez à l’instauration d’un dialogue entre toutes les parties prenantes de l’entreprise. Vous pouvez même aller jusqu’à l’ouvrir aux consommateurs ! Quelle que soit la méthode initiée, cela induit d’accepter la remise à question et de tout remettre à plat. Pour découler sur une conduite du changement, cette démarche doit venir du top management. C’est cette mentalité que le patron de la CAMIF entretient au sein de son entreprise. Pour promouvoir le « made in local », ce dernier a lancé une pétition en ligne afin d’inciter le gouvernement à appliquer une TVA réduite sur les produits 100% tricolores.
Après le changement des mentalités, c’est le business model qui est remis en question. Cette première étape de conduite du changement en interne est essentielle pour convaincre les parties prenantes d’adopter de nouveaux usages. Cette démarche implique d’avoir une vision sur le long terme. La remise en cause du business model demandera des investissements importants, mais qui, à terme, seront rentables.
Vous voilà au bout de la chaîne : le consommateur ! Comment le faire adhérer ? Si les deux premiers points sont bien réalisés, tout est possible. En effet, les autres modèles ont la peau dure et sont privilégiés par le client pour une question de porte-monnaie, mais aussi par confort. Si le changement est mal expliqué il peut paraître dur à réaliser… Il s’agit donc de communiquer de façon responsable pour sensibiliser et embarquer le consommateur dans ce nouveau modèle.
Passer de l’économie linéaire à l’économie circulaire : « Yes, we can ! »
Vous l’aurez compris, l’économie circulaire est une opportunité immense pour l’entreprise. Si les acteurs d’une économie linéaire ne se remettent pas en question, certains pourraient en subir les conséquences… Nous l’avons vu récemment avec la holding du groupe Casino placée en sauvegarde. Les solutions existent et elles marchent. La multiplication des initiatives en ce sens nous le montre ! Et bonne nouvelle, toutes les organisations de tous secteurs et de toutes tailles peuvent s’inscrire dans cette démarche ! Alors, à quand votre inscription dans une démarche audacieuse ?
Géraldine Pauly