Récemment, à tour de rôle, trois pays d’Asie se sont donné des objectifs en matière d’émissions carbone. La Chine a annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060, suivi par le Japon puis la Corée du Sud, se fixant le même objectif de neutralité carbone pour 2050. C’est une grande première pour ces pays de se fixer de tels objectifs alors qu’ils font partie des plus gros pollueurs du monde. En effet, la Chine est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre (GES) au monde, le Japon le 6ème et la Corée du Sud le 8ème. Il leur est donc indispensable d’atteindre zéro rejet de carbone pour pouvoir limiter le réchauffement climatique à 1,5°C selon le GIEC (experts du climat pour l’ONU).
Le premier pays à avoir fait cette annonce a donc été la Chine. Très ambitieux de la part du plus gros pollueur au monde, responsable de plus d’un quart des émissions mondiales de GES. L’objectif semble durement réalisable : Certes le pays est le premier investisseur dans les énergies renouvelables au monde mais ces énergies ne représentent que 15% de la consommation énergétique, le charbon représentant 60% de la consommation énergétique du pays et augmentant encore chaque année à cause de la hausse de celle-ci.
Le pays compte atteindre son pic de rejets de CO2 avant 2030. L’université Tsinghua, qui travaille en relation étroite avec le ministère de l’Ecologie, a publié les objectifs à atteindre la Chine pour pouvoir arriver à la neutralité carbone. L’énergie fossile devra être réduite de 20% d’ici 2025 et de 84% d’ici 2060. L’éolien devra augmenter de 346%, le solaire de 587% et le nucléaire de 382%. La Chine devra donc redoubler d’efforts pour pouvoir faire de cet objectif une réalité car comme l’a déclaré Li Shuo, responsable du climat et de l’énergie à Greenpeace Chine, l’objectif de 2060 « ressemble un peu à de la science-fiction » et des « investissements sans précédent » devront être mis en place.
Pour le Japon, le défi sera le même, en effet le pays doit réussir à réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis du charbon en hausse depuis la catastrophe de Fukushima. Près d’un tiers de l’énergie électrique est produite par les 140 centrales à charbon du pays. Pour pouvoir parvenir à son objectif, le Premier ministre japonais, Yoshihide Suga, pense que « la clé est l’innovation » notamment dans les énergies renouvelables et nucléaire.
Pour l’instant, aucun des pays n’a dévoilé son plan pour atteindre ses objectifs. En revanche, Moon Jae-in, président de la Corée du Sud, a annoncé vouloir investir 7 milliards de dollars pour une croissance verte.
Pour l’instant, l’ONU attend les contributions déterminées au niveau national (CDN), le plan engagé par les pays pour réduire leurs émissions suite à l’Accord de Paris, en vue de la prochaine conférence sur le climat, la COP 26, du 1er novembre au 12 novembre 2021 à Glasgow au Royaume-Uni.
Ces annonces ont en tout cas suscité beaucoup de réactions positives des autres pays s’étant déjà engagés dans cette lignée et souhaitant ainsi travailler main dans la main pour pouvoir atteindre la neutralité carbone. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a d’ailleurs déclaré après l’annonce de Tokyo : “Nous nous réjouissons de travailler ensemble vers zéro émission en 2050“, “l’objectif que devraient se donner toutes les nations développées“.
Sources :
https://www.20minutes.fr/monde/2868751-20200923-chine-objectif-neutralite-carbone-2060-realiste